Régulation

Il est intéressant de noter que l’approche par les « parties prenantes » fournit un guide de conduite conformément à certains impératifs éthiques ne figurant pas dans des théories telle que celle de l’agence (Corlett 1998). En effet, la théorie de l’agence précise que les intérêts des actionnaires doivent primer pour les décisions concernant les activités de l’organisation. Les responsables (agents), nommés pour gérer une organisation, doivent faire l’objet de contrôles fréquents et d’équilibrages, afin de réduire le risque de mauvaise gestion ou de faute professionnelle qui menacerait les intérêts des actionnaires. Cette théorie s’applique parfaitement au monde de l’entreprise, mais est très loin du monde des organisations sportives à but non lucratif. Nous ne développerons donc pas l’application de cette théorie au monde du sport.

L’analyse marxiste met en scène des luttes de pouvoirs entre classes, avec la représentation d’un individu lié au sort de sa communauté d’intérêt, en quête d’un bonheur individuel et collectif. Les notions de justice redistributive et d’équité prennent dans cette analyse une place primordiale, avec naturellement pour corollaire la condamnation de la propriété privée et de l’investisseur se réclamant du système capitaliste. L’entreprise n’est donc plus tournée vers la maximisation du profit. Elle est, par ailleurs, dotée de responsabilités morales vis-à-vis de ses salariés, notamment en termes de respect de la dignité des individus et d’absence d’aliénation ou d’exploitation. En ce sens, la théorie des parties prenantes semble reprendre à son compte une bonne partie de ce programme (Blair 1995). Toutefois, les projets marxistes et partenariaux ne peuvent être totalement assimilés au moins pour deux raisons fondamentales. Tout d’abord, la théorie partenariale ne recommande aucun programme de collectivisation. Et d’autre part, comme le note Corlett (1998), la théorie marxiste reste absolument muette à propos des questions environnementales.

Dans le monde de l’entreprise, dans certains pays comme le Japon par exemple, clients et fournisseurs (« parties prenantes ») sont aussi des partenaires particulièrement structurants pour l’entreprise du point de vue de la gouvernance (C’est aussi le cas pour le CIO et les FI entre sponsors et médias, TV spécialement).

Il est intéressant de constater qu’avec les différents modèles de gouvernance qu’offrent le CIO et les FI, nous avons un champ d’expérimentation pour le futur. « Si nous saisissons les grands mouvements socioculturels, nous pouvons constater que les coutumes et les lois se sont créées dans toutes les classes créatives des époques qui se sont succédées. On peut constater que l’humanité a toujours trouvé des façons de contourner les vides juridiques par de nouvelles technologies.  Aujourd’hui, c’est le monde de l’Internet qui permet de contourner certaines lois ou taxes des Etats-nations. Le futur du monde économique ne sera probablement pas une alternative entre l’économie de marché et autre chose de fondamentalement différent » Attali (2006). Attali annonce aussi l’arrivée d’une « hyper démocratie » ou d’une économie relationnelle, qui n’est autre qu’une économie de l’altruisme qui n’obéira pas aux lois de la rareté, où les entreprises cesseront de considérer le profit comme une finalité et qui permettra de produire et d’échanger des services réellement gratuits de distraction, de santé, d’éducation, de relations, etc. On peut déjà se faire une idée sur le fonctionnement de ces entreprises relationnelles qui annoncera l’avenir dans le monde économique. Elles seront probablement à l’image des ONG, Médecins sans frontières, Greenpeace, la Croix-Rouge, du CIO ou encore des FI qui en constituent, sans aucun doute, le premier exemple. Et, chose étrange, le mode de régulation de cette « nouvelle » gouvernance reposera probablement sur le modèle que Karl Marx (Bidet, J.et Kouvelakis E., 2001) a conçu à la fin du XIXème siècle.